Mardi dernier, je me suis retrouvée un peu par hasard à l’avant-première d’Au revoir là-haut, le nouveau film d’Albert Dupontel.
Au revoir là-haut, c’est ce bouquin de Pierre Lemaitre devant lequel je m’arrête régulièrement en librairie depuis plusieurs années, juste pour le titre. A chaque fois, en le voyant, je ressens un petit truc qui me pousse à prendre le bouquin sur le rayon, lire la quatrième de couverture, soupirer un coup avec un demi sourire, et le reposer.
J’ai beaucoup de défauts, l’un d’eux est d’être une nana bourrée de clichés concernant les prix littéraires. A chaque fois que je vois écrit Goncourt sur un bouquin, j’ai l’impression que je vais y trouver un type prétentieux qui a écrit un truc abstrait et intello avec des phrases à rallonge et des mots compliqués. J’ai beau me douter que j’ai très certainement tort, rien n’y fait, je n’ai jamais lu un prix Goncourt.
Mardi, donc. Je cherchais un film à aller voir, et j’étais un peu désespérée devant la sélection du cinéma d’à côté, dans lequel j’étais obligée d’aller puisque mes places se périment bientôt. Je tombe donc sur ce nom de livre/film qui m’attire depuis si longtemps, et je regarde la bande annonce, qui me parait complètement farfelue.
J’ai décidément beaucoup de défauts, et l’un d’eux est de considérer que seuls Tim Burton et Wes Anderson ont le droit de faire des films farfelus. Sur ce coup là, je sais pertinemment que j’ai tort, évidemment, mais bref, on est pas là pour faire un catalogue de mes défauts.
Voilà, pour diverses raisons, j’ai choisi d’aller à l’avant-première d’Au revoir là-haut.
Et laissez moi vous dire que c’était l’un des meilleurs choix de toute ma vie. Ex-aequo avec le fait de ne pas manger ce hamburger bizarre à Cuba, composé uniquement de viande qui ne ressemblait pas à de la viande, et qui n’avait pas non plus une odeur de viande. Peut être que ça avait été de la viande quelques années plus tôt, je sais pas, bref, vous voyez comme c’était une bonne idée.
Parce qu’Au revoir là-haut est un film magnifique. Au revoir là-haut, c’est la reconstruction après la guerre, après cette guerre cruelle, remplie d’actes révoltants et injustes. Ce sont les liens qui se font à travers les épreuves, c’est l’attachement qui unit deux êtres qui ont traversé l’horreur ensemble. C’est l’acceptation de ce nouveau soi, de ce nouveau monde, c’est laisser derrière ce que l’on a perdu, et se donner toutes les chances de faire encore mieux avec ce que l’on a. C’est la vengeance, aussi, de deux laissés pour compte face à un état ingrat qui leur a tout pris sans jamais rien leur donner en retour.
Au revoir là-haut, c’est un jeu d’acteurs incroyable au centre d’un film superbement réalisé. Albert Dupontel et Nahuel Pérez Biscayart explosent à l’écran, avec une interprétation pleine de justesse et de pudeur. Oh, si vous saviez ces deux acteurs, ils ont tant de choses dans la voix, dans le visage et dans les yeux. C’était pour moi la découverte du jeune argentin, et j’ai été bluffée par son talent, et surtout, surtout, chamboulée par tout ce qui passait à travers son regard.
La mise en scène, aussi, est absolument parfaite. Chaque scène est soignée, les décors nous plongent dans l’histoire et visuellement, le film est un véritable plaisir. Mais à mes yeux, la vraie réussite de cette réalisation est la poésie qui s’en dégage. L’exubérance d’Edouard (et ses masques !) amène un grain de folie nécessaire à un film qui pourrait être trop triste, le récit de l’histoire fait par Albert a posteriori est plein de mélancolie et m’a presque donné la sensation de l’écouter me raconter un conte. Cette poésie m’a émerveillée et touchée tout le long du film, et même encore longtemps après.
Je suis sortie de la salle complètement retournée. Retournée par les yeux et la détresse d’Édouard Péricourt, retournée par le désespoir d’Albert Maillard, retournée par l’injustice de cette guerre et par tous ceux qu’elle a traumatisés et laissés de côté. Je suis sortie de la salle incapable de parler, parce que les mots n’avaient soudain plus vraiment de sens, pour exprimer ce que je ressentais.
Allez voir Au revoir là-haut, vraiment.
Parce que c’est un film magnifique, et qu’il vous retourne.
J’ai tellement aimé ce film (et j’avais tellement aimé le livre). Je n’ai pas encore réussi à trouver les mots pour en parler. J’ai trouvé ça si soigné dans sa forme et si touchant aussi, les acteurs sont tous impeccables et Dupontel a réussi à créer un vrai univers.
(bon il faut que je l’écrire ce billet haha)
Mais oui, il est tellement difficile de trouver les mots pour parler de ce film… Peut être parce que justement, tout est au delà du langage dedans…
Pour être honnête, je ne connaissais ni le livre, ni le film. Par contre, en lisant votre résumé et en voyant à quel point cela vous a touché, j’ai très envie de le découvrir, moi aussi.