Le PVT au Canada : l’arrivée

Clement Jacques Montréal musique rock Francos

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Il y avait un million de trucs qui pouvaient mal se passer, le 22 mai dernier.

Oui, j’exagère, mais en tout cas, il y en avait beaucoup trop pour que je ne passe pas une journée épuisante nerveuse. Mais tellement excitante, aussi.

Déjà, nos bagages pesaient trop lourd, et on avait un sac avec nos skates en plus, parce qu’on avait vu qu’Air Transat les prenait gratuitement. Il y avait grève des contrôleurs, et puis il me restait une semaine pour faire valider mon PVT, donc si on ne décollait pas ce jour là, fallait pas trainer. Je n’avais pas réussi à m’enregistrer sur le vol la veille. Et puis l’amoureux, lui, n’avait pas de PVT, ni de billet retour, alors on avait un peu peur qu’ils le recalent, gentiment mais fermement, à la frontière. On n’avait personne avec une voiture assez grande pour nous amener, nous et nos valises, jusqu’à l’aéroport, et on ne savait pas vraiment non plus si la voiture qui nous attendait là-bas pourrait contenir 4 personnes et toute notre vie en valises. On avait sous-loué un appartement un peu à l’aveugle, aussi, sans vraiment savoir ce qui nous attendait.

Ah et puis, j’ai peur de l’avion.

Et finalement.

La veille, on a trouvé une amie avec une grande voiture pour nous déposer à l’aéroport. Quand on est arrivés, notre avion était encore prévu à l’heure. On est allés à l’enregistrement, et l’hôtesse a pu m’attribuer mon siège, en plus, on était devant dans l’avion, ça bouge moins devant, ça me donne moins l’impression que je vais mourir à chaque mouvement. Elle a un peu râlé contre nos valises trop lourdes mais les a passées sans supplément. Nos skates sont aussi montés gratuitement (merci Air Transat).

Après tout ça, notre avion avait quand même une heure de retard, mais bon, au moins il n’était pas annulé, lui. On a eu juste le temps d’avaler un thé dégueulasse (tout ne peut pas se passer parfaitement), de dire au revoir à mon papa, et puis on est allés à l’embarquement.

Comme j’avais envie de me compliquer un peu la journée, j’ai appelé Pôle Emploi, histoire de leur dire que je partais. Comme habituellement avec Pôle Emploi, j’ai attendu longtemps, pour tomber sur un type qui m’a donné des informations contraires à tout ce que je savais jusque ici des démarches à faire pour un départ à l’étranger, et a donc refusé de faire quoi que ce soit. Après la dame de la CPAM quelques jours avant qui avait refusé de me tamponner un papier pour que j’ai un traitement de 6 mois pour mes allergies, j’étais blindée niveau frustration vis-à-vis de l’administration publique, j’ai donc pris les choses avec philosophie en me disant que j’enverrai un mail à ma conseillère, en espérant qu’elle soit moins nulle que ce type là (spoiler : on a réglé ça en deux mails, merci madame).

Et puis on a embarqué dans un avion qui ne mériterait même pas d’avoir encore le droit de voler. De toute évidence, Air Transat a une démarche extrêmement écologique et préfère réparer que racheter. Ce que je respecte quand il s’agit de téléphones portables, ou de machines à laver, mais que j’accepte beaucoup moins quand je monte dans un avion et que j’ai la sensation de me retrouver plus de vingt ans en arrière (à l’époque, j’avais pas encore peur de l’avion, et je riais dans les turbulences). Bref, après un bon petit moment de panique quand je réalise qu’en plus, il n’y a pas d’écran individuel alors que je comptais m’abrutir de films pour éviter de penser au fait que justement, j’étais dans un avion, je repense au fait qu’on voit rarement Air Transat apparaitre sur le site crashaerien.aero (ne me jugez pas, ce site, curieusement, m’aide à dédramatiser les incidents aériens), et me rassure un peu sur la capacité de l’appareil à traverser l’Atlantique.

Je tiens à préciser, au cas où quelqu’un d’Air Transat passe ici, que deux films commençant par des scènes de guerre, sur trois en tout, ça fait vraiment beaucoup dans un avion quand on sait qu’une bonne partie de la population n’est pas non plus hyper sereine là-dedans (et puis merde, faut aussi arrêter les films qui font chialer, c’est un peu la honte devant les voisins).

Clement Jacques Montréal musique rock Francos

Bref, on a posé les roues de l’autre côté de l’Atlantique, vivants, après un vol calme. Et à peu près 90 % de mon stress est parti, pour aller contaminer l’amoureux qui lui, commençait à se demander si l’agent d’immigration verrait d’un bon œil son entrée en temps que touriste. On s’est donc présentés, avec nos sourires figés de petits français stressés, à l’agente d’immigration. Je me suis emmêlée les pinceaux dans mes papiers, mais elle a fini par partir, silencieuse, avec nos deux passeports, pour revenir cinq minutes après, un PVT de deux ans agrafé dans le mien, et six mois autorisés pour l’amoureux, en nous expliquant bien quels étaient ses droits en tant que visiteur.

C’était tellement facile qu’on s’est bien demandé pourquoi on avait tant stressé de ce foutu passage à l’immigration.

Après ça, le stress retombé, tout m’a paru rapide et facile. C’était peut être aussi parce que j’avais faim, et qu’on m’a nourrie, je ne sais pas trop (je suis une personne assez facile à gérer tant qu’on me nourrit, en fait). Bref, nos valises sont passées dans la voiture, on a trouvé notre appart sans trop de soucis, il y avait même quelqu’un pour nous accueillir.

Il y avait un million de trucs qui pouvaient mal se passer, le 22 mai dernier. Et finalement, tout a glissé comme sur des roulettes (attention, expression de 1992, s’il te plait).

Alors évidement, c’était trop facile, beaucoup trop facile. Il fallait bien caler une chose vraiment, vraiment bien chiante, dans cette journée.

Et bien c’était la dernière.

Clement Jacques Montréal musique rock Francos

Après une journée entière de voyage, avec à peu près 50 kg de bagages chacun, un décalage horaire dans la tronche, et toute la fatigue et le stress des jours d’avant, il a fallu qu’on arrive dans un appart dégueulasse.

Genre dégueulasse comme dans « la personne qui a vécu plusieurs mois ici avant nous n’a visiblement pas fait le ménage une seule fois ».

Comme dans « elle a même laissé les draps sales sur le lit ».

Comme dans « on s’est rendus compte que le plancher brillait, en fait, le lendemain, quand on a fait le ménage ».

Et ceux qui me connaissent savent à quel point j’aime vivre dans la crasse des autres.

Spoiler : vraiment, vraiment pas du tout.

Bref, à l’origine, cet article devait s’intituler « le PVT au Canada : un mois après », mais comme vous pouvez le remarquer, je me suis, comme d’habitude, perdue en chemin. Il est déjà très long et ne raconte absolument pas mon premier mois au Canada, il a donc eu l’honneur d’être rebaptisé, et je vous fais la promesse solennelle de revenir avec l’article qui correspond à ce titre dans la semaine. Bon, du coup, vous avez surement remarqué que les photos n’ont aucun rapport avec l’article non plus, mais bref, je les aime bien, et j’en avais pas d’autres, surtout. Elles viennent du concert de Clement Jacques aux Francos de Montréal, je vous en reparlerai (j’espère), mais vous pouvez aller voir ce qu’il fait, c’est très bien.

Bisous bisous

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