Au niveau musical, il m’arrive d’avoir des espèces de périodes de mono-maniaquerie. Enfin pas vraiment mono, parce qu’on ne peut pas dire que je vais écouter le même album en boucle pendant quinze jours, mais il m’arrive souvent de tourner avec deux ou trois albums pendant une période donnée, avant de trouver les deux ou trois albums qui suivront.
Pour les concerts, c’est un peu pareil. Quand j’ai vraiment aimé un show et que le groupe ou l’artiste repasse dans les parages par la suite, j’y retourne systématiquement. Ça veut dire que potentiellement, je peux voir le même concert probablement un trop grand nombre de fois, enfin pour une personne normale, en tout cas.
Ça nous amène à ce que je vais te dire maintenant, et qui est probablement une révélation honteuse, mais sur ces douze derniers mois, j’ai vu vraiment souvent Birth of Joy en concert, vraiment souvent comme cinq fois, en fait. Je fais pas vraiment exprès, c’est plus de leur faute à eux, ils passent tous le temps pas loin de là où je suis, alors comme c’est bien, et puis que c’est pas cher, ben j’y vais, tu comprends.
La dernière fois, c’était les 29 et 30 janvier, c’était sur deux jours parce qu’ils enregistraient un album live, leur premier, et qu’ils avaient choisi de venir en Bretagne depuis les Pays-Bas, parce que Rennes, parce que l’association des Transmusicales, et parce que les Bretons, quoi. Et oui, car depuis 2012 et leur programmation aux Trans, le groupe décolle, et les trois musiciens ont une affection toute particulière pour le festival qui a vraiment lancé leur carrière.
Les deux concerts étaient complets, fin janvier, et le public n’attendait qu’eux. Pas de première partie, seulement eux, pour plus de 2h de pur rock’n’roll « sixties on steroids » deux soirs de suite, et un public complètement déchainé.
Il faisait chaud, ça secouait sévèrement dans les premiers rangs, et le groupe nous a offert du très grand spectacle. On peut définitivement dire que Kevin Stunnenberg, Bob Hogenelst et Gertjan Gutman nous ont montré ce qu’ils avaient de meilleur, et prouvé encore une fois qu’ils étaient avant tout des musiciens fabuleux (pour l’anecdote, Bob, le batteur, a décroché la semaine dernière le premier dix de toute l’histoire du Conservatoire d’Amsterdam). Je les avais pourtant déjà vus trois fois auparavant, mais je me souviendrai toute ma vie de ces deux soirées (et des bleus monumentaux qui ornaient mes genoux à l’issue de ces deux jours aussi, et pourtant je joue au horseball, les genoux bleus, je sais ce que c’est). Même Gertjan, habituellement plutôt calme derrière son orgue, a fini avec un pied sur son instrument.
Ils ont eu définitivement raison d’avoir choisi l’UBU pour cet album, car le public Rennais a parfaitement su leur rendre l’amour qu’ils lui portent.
A l’issue du concert, comme à leur habitude, les trois musiciens se sont mêlés avec plaisir à la foule pour échanger quelques mots, prendre quelques photos, signer quelques CD ou vinyls, tandis que leur manager secouait énergiquement une grande boite en carton en rappelant que l’album serait offert en version numérique à tous ceux qui laisseraient leur ticket accompagné de leur adresse email avant de quitter la salle. Lors d’une conversation avec lui, j’apprendrai que la maison de disque n’avait pas vraiment bien accueillie l’idée du groupe de laisser filer 650 ventes potentielles en offrant ce live aux spectateurs, mais que Birth of Joy avait tenu bon et finalement obtenu gain de cause. Au passage, il me glissera avec un clin d’oeil entendu l’une des setlists abimées, preuve de sa présence sur scène auprès de l’un des musiciens et joli souvenir de cet enregistrement.
Quelques jours après apparaissaient sur internet des vidéos professionnelles de certains des morceaux joués le deuxième soir, premiers indices de la qualité de cet album à venir.
Il est arrivé dans nos boites jeudi dernier, le fameux lien de téléchargement, nous offrant en prime le plaisir de nous sentir terriblement privilégiés, l’album ne sortant officiellement que le lendemain, et encore, seulement pour le BeNeLux. Je me suis empressée de le télécharger et d’écouter les 23 (23 !) morceaux enregistrés il y a quelques mois déjà.
L’ambiance y est, l’enregistrement est de qualité, le son est totalement différent des albums studio, ce qui peut déplaire à certains mais amène un vrai plus par rapport aux trois précédents opus, et est exactement ce que, personnellement, j’attends d’un album live. La différence, l’imperfection, l’humain, la sincérité, voilà ce que j’aime dans le live, et ces morceaux, tous, portent en eux cette signature, cette résonance que l’on ne peut trouver que sur scène.
Alors voilà, si tu connais déjà Birth of Joy, je ne peux que te conseiller de ne pas faire l’impasse sur cet album sous prétexte que tu as déjà tous les morceaux sur les trois précédents, car ils prennent ici une toute autre dimension. Et si tu ne connais pas Birth of Joy, et bien tu viens de les découvrir sur ces quelques vidéos ! Je te rassure, ça pique toujours un peu au début, surtout quand on n’est pas vraiment du genre à écouter du rock énervé, mais on finit par s’y faire.
L’album, intitulé simplement Live at UBU, sera disponible en France à partir du 15 Juin, il existe en version double CD, ou triple vinyl.
Toutes les photos viennent de la page Facebook du groupe, et sur la première, si tu me connais, tu peux jouer à Où est Charlie Ocilia.