Point lecture #8

livre Baptiste Beaulieu Alors vous ne serez plus jamais triste lecture

J’ai beau y penser et le vouloir très très très fort, je dois bien avouer que la liste des livres dont je veux vous parler ne cesse de s’allonger de jour en jour.

Heureusement, le travail et la fatigue m’empêchent de dévorer trop vite mes bouquins, ce qui me fait caresser l’espoir d’avoir un jour le temps de vous parler de tous les livres que j’ai vraiment aimé, au moins.

Je reviens donc avec trois livres, les deux premiers sont mes lectures récentes, et le dernier un vrai coup de cœur, qui date un peu. Histoire de varier les genres, j’ai choisi trois fictions dans un genre différent : un classique, un livre engagé et une histoire un peu loufoque mais pleine de poésie.

livre Jane Eyre Charlotte Bronte lecture

Jane Eyre, de Charlotte Brontë

Je vous avais déjà parlé des Hauts de Hurlevent, de sa soeur Emily, qui m’avait pas mal fascinée. J’ai donc continué ma découverte de la famille Brontë avec Jane Eyre, assez motivée après avoir vu la vidéo de Lemon June à propos de ce livre (je parie que Lemon pourrait me faire relire Candide si elle faisait ce genre de vidéo sur cet affreux bouquin).

Jane Eyre est une orpheline, pauvre, laide (on ne l’a pas épargnée, la pauvre), recueillie par la femme de son oncle décédé qui la déteste (la femme, pas l’oncle)(vraiment pas épargnée, je vous l’avais dit). Après quelques années malheureuses dans cette famille qui ne veut pas d’elle, Jane est envoyée dans une pension austère et stricte, mais qu’elle vivra vite comme une libération et surtout, comme un moyen de prendre son indépendance. La jeune Jane y étudiera jusqu’à devenir maitresse, puis partira travailler dans une famille. Évidement, c’est là que les choses se corsent, puisque Jane tombera petit à petit amoureuse de Mr Rochester, le maitre de maison, qui semble cacher un lourd secret.

Jane Eyre, ça commence par une scène d’une injustice totale, autant vous dire, exactement le genre de scène qui suffit à m’accrocher à un bouquin et ne plus le lâcher. L’injustice, c’est mon sujet de révolte à moi, ça me prend aux tripes et ça ne me lâche plus. A partir de là, j’ai dévoré le livre jusqu’à la dernière page, prise au piège de cette histoire qui n’en finit pas de nous étonner.

C’est là l’une des grandes forces de ce roman. Il a beau être un classique, il est écrit de manière très moderne et les rebondissements sont nombreux, ce qui nous accroche très vite. J’ai trouvé qu’il avait bien plus de rythme que les classiques que j’avais pu lire jusqu’ici, ce qui en fait un livre assez facile à lire.

Vu le résumé que j’en ai fait, on pourrait vite croire qu’il s’agit là d’une grande histoire d’amour, façon amour maudit entre un noble et une vulgaire employée de maison. Oui, mais pas que. Jane Eyre est bien plus que ça.

Il s’agit avant tout d’une histoire à propos d’une femme, de sa force de caractère, de sa volonté d’indépendance et son désir de savoir, de sa quête éperdue d’une vie en rapport avec ses envies et ses valeurs. Jane Eyre a donné son nom au bouquin parce qu’il s’agit d’elle, uniquement d’elle. Et ce personnage m’a vraiment impressionnée. Elle traverse la vie en faisant preuve d’une combativité à toute épreuve, reste fidèle à ses principes quoi qu’il lui en coute, fait passer en priorité son désir d’indépendance et de liberté, ce qui, à l’époque, était totalement hors norme. Ce livre a parlé à mon côté féministe, et c’est assez rare dans les classiques pour être souligné.

Jane Eyre est une femme forte, courageuse, mais qui prend très vite du relief à travers ses défauts. Elle peut ainsi parfois paraitre naïve, butée, soumise, malléable, on ressent un énorme besoin d’amour chez elle et finalement, cette complexité et ses contradictions nous touchent. En résumé, c’est un personnage fascinant auquel on s’attache vite et qui porte quasi intégralement l’histoire.

livre Americanah Cimamanda Ngozi Adichie lecture

Americanah, de Chimamanda Ngozi Adichie

Je vous avais déjà parlé de l’essai féministe de cette auteure dans un billet précédent. Celui-ci m’avait donné envie de découvrir d’autres ouvrages d’elle, tant les critiques étaient élogieuses. Une promotion Amazon sur le format Kindle a décidé pour moi il y a quelques semaines : ce sera Americanah. Ça tombe bien, c’est celui qui me tentait le plus.

Americanah raconte l’histoire d’Ifemelu, une nigériane installée aux Etats-Unis depuis 15 ans, qui décide un jour de rentrer au pays. A travers des flash back, l’histoire nous raconte son enfance modeste au Nigéria, entre un père se voulant intellectuel et une mère très pieuse, la vie de sa tante Ubu, maitresse d’un homme puissant, sa rencontre avec Obinze, son premier amour, le début de leurs études. Arrive finalement son départ aux Etats-Unis, ses difficultés d’immigrante à son arrivée, ce qu’elle a traversé pour s’en sortir, et surtout, sa rencontre avec le racisme. Cela la poussera d’ailleurs à ouvrir un blog sur ce problème de société, qui deviendra rapidement son métier.

Le ton de Chimamanda Ngozi Adichie est un brin provocateur, ce qui, dans la première moitié du bouquin, m’a mise un peu mal à l’aise. A travers Ifemelu, elle parle ouvertement de race, de racisme, ce qui m’a amenée à me poser beaucoup de questions. J’ai eu la sensation, par moment, qu’elle poussait le bouchon un peu loin, et surtout généralisait beaucoup. Et d’un autre côté, j’ai pris conscience de beaucoup de choses auxquelles je n’avais jamais pensé, surtout concernant ce que peuvent vivre les personnes noires dans une société majoritairement blanche. J’ai finalement choisi de prendre ce livre comme un témoignage, et d’arrêter de me poser la question de l’exagération ou pas : je n’ai jamais vécu le racisme, je ne peux pas savoir ce que ça fait aux personnes qui le prennent en pleine figure. A partir de là, mon léger inconfort de départ a totalement disparu.

D’ailleurs, c’est ce côté témoignage qui m’a énormément plu. On sent que l’auteure connait bien les deux pays et qu’elle a distillé des observations personnelles tout au long de ce bouquin. J’ai absolument adoré les remarques, parfois un peu moqueuses, qu’Ifemelu pouvait faire sur les américains, et plus tard, sur les nigérians. La jeune femme vit, au cours de son histoire, deux chocs des cultures et j’ai trouvé ce sujet remarquablement bien traité, toujours de manière un brin provocante, mais assez réaliste. Ayant déjà vécu l’adaptation à un pays étranger, je sais comme certaines choses de la vie quotidienne peuvent être déroutantes quand elles sont différentes, et, sans pour autant porter de jugement, comme on peut rire et se moquer gentiment des habitudes étonnantes du pays dans lequel on vit désormais. Ces habitudes qui joueront bien sûr un énorme rôle dans notre attachement à ce nouveau pays.

Le personnage d’Ifemelu m’a aussi beaucoup touché. On la sent à la fois forte et fragile, indépendante mais en besoin constant d’amour, avançant dans la tempête mais aussi cassée par les épreuves. L’auteure en a fait un personnage loin d’être parfait, auquel on a parfois envie de coller des claques (mention spéciale quand elle se permet de juger durement ses amis), mais vulnérable et finalement, toujours bienveillant. Comme Jane Eyre que je viens de présenter, Ifemelu est une femme qui cherche à vivre en accord avec ses principes, et fait preuve de beaucoup de courage face à certains choix. Cette complexité la rend vraiment intéressante et évite d’en faire un personnage trop lisse.

Le livre fait référence à énormément de choses dans l’actualité et l’histoire des Etats-Unis et du Nigéria, alors si comme moi vous n’avez pas suivi tous les rebondissements de la campagne d’Obama, ou que vous n’êtes pas très calés sur l’histoire des gouvernements nigérians, je vous conseille d’avoir une page Google ouverte pas trop loin, parce que j’ai du m’accrocher à certains passages, tout de même.

Il serait tout de même dommage de prendre peur à cause de ma dernière phrase, le livre se suit très bien malgré les références culturelle et est tout de même une très belle histoire mélangeant différents thèmes de société, et puis aussi, de l’amour, évidemment.

livre Baptiste Beaulieu Alors vous ne serez plus jamais triste lecture

Alors vous ne serez plus jamais triste, de Baptiste Beaulieu

Ah, Baptiste Beaulieu, je vous en avais parlé lors d’un point lecture précédent, aussi, et mon amour pour ce médecin/écrivain ne cesse de grandir.

Alors vous ne serez plus jamais triste, c’est l’histoire d’un médecin malheureux parce que sa femme est partie. C’est l’histoire d’un médecin qui ne veut plus vivre et qui a choisi la date de sa mort, ce sera aujourd’hui. Ce matin là, il monte dans un taxi et tombe sur une vieille dame excentrique, habillée comme un soir de gala, qui connait exactement les intentions du médecin triste. Elle passe alors un marché avec lui : il lui donne 7 jours, pas un de moins, pas un de plus, pour tenter de le sauver, de lui redonner goût à la vie. Si elle n’a pas réussi dans 7 jours, alors il pourra mourir s’il le veut, mais pas avant. Pendant 7 jours, le médecin triste devra faire tout ce qu’elle voudra qu’il fasse, même si c’est bizarre, même si ça n’a pas de sens, même si c’est douloureux et qu’il n’en a pas envie. Le compte a rebours est lancé, pour ce combat entre le désespoir et la joie de vivre.

Que te dire sur ce livre, mis à part qu’il est merveilleux ?

L’écriture de Baptiste Beaulieu est d’une douceur et d’une délicatesse incroyable, et l’histoire de ce médecin qui n’a pourtant même pas de nom nous touche profondément.

L’histoire de cette vieille dame excentrique et pourtant mystérieuse est touchante elle aussi. Qui est-elle ? Comment connait-elle si bien la psychologie du médecin au point de le troubler autant ? Quelle est son histoire ? Et surtout, que nous cache t’elle ? Pourquoi tient-elle autant à sauver le médecin ? Jusqu’au bout de l’histoire, on se pose tellement de questions sur l’apparition providentielle de cette femme, ainsi que sur ses bizarreries…

Et puis la fin, oh la fin, j’avais beau avoir plus ou moins deviné certaines choses depuis le début, d’autres m’ont surprise, émue, et si vous saviez comme j’ai pleuré en la découvrant.

Lisez-le, vraiment, parce que moi, je le relirai encore et encore.

 

Avez-vous lu ces livres ? Et de votre côté, des coups de coeur récents ?

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2 Replies to “Point lecture #8”

  1. Americanah est sur la liste (depuis que Juliette Arnaud en a parlé oui oui).
    Jane Eyre est un roman si beau, je ne me lasse pas de le relire

    1. Mais tellement… Et Americanah vaut vraiment le détour !

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